Les apparences trompeuses ne cessent de causer des méprises et des retournements de situation, pour notre plus grand plaisir. Dans les contes, par exemple, de nombreuses princesses se retrouvent affublées comme des pauvresses (Cendrillon, Peau d’âne) avant que la vérité n’éclate. À l’inverse, Aladin se fait passer pour un prince malgré ses origines modestes. Ces changements de statut social sont très révélateurs, car le regard porté sur le personnage change. Il est le même, et pourtant différent. Il faut toutefois prendre garde à la crédibilité de ces changements (épargnez-moi le mystérieux héritage qui tombe à pic pour récompenser le héros).
Autre possibilité, celle d’un personnage qui présente une capacité inattendue par rapport à son apparence : il vit dans un fauteuil roulant alors qu’il peut se lever, il se bat avec la main gauche alors qu’il n’est pas gaucher, on le croit aveugle alors qu’il voit…
Il arrive souvent que les romances et les comédies (Tootsie et Mme Doubtfire par exemple) jouent avec les genres des personnages avec des déguisements, travestissements, transformations… mais d’autres histoires ne s’en privent pas. Mon seul conseil à ce sujet, c’est de prendre garde aux clichés et à la vraisemblance (dans la plupart des drama, les actrices déguisées en garçon ne sont pas crédibles une seconde).
En fantasy, on peut jouer sur le glamour des fées, sur les malédictions, ou sur les personnages qui se transforment en animaux, pour s’interroger sur les frontières entre l’illusion et la réalité, entre les humains et les bêtes, entre les humains et les créatures surnaturelles. Ainsi, la malédiction qui frappe le prince dans La Belle et la bête permet de s’interroger sur son humanité. Je suis encore plus touchée par Sophie, l’héroïne de Diana Wynne Jones, qui est transformée en vieille femme dans Le chateau ambulant. Ce mauvais sort lui permet de s’interroger sur la vie qu’elle veut mener et de lever les inhibitions qui la paralysent. C’est en prenant l’apparence d’une vieille femme que Sophie devient jeune dans son cœur, et c’est une belle réflexion sur l’âge.
En science-fiction, les révélations à base de robots, clones, cyborg, intelligence artificielle… permettent de réfléchir sur la nature humaine et ce qui la distingue des machines. C’est un thème passionnant, dont s’empare notamment le Cyberpunk.