Interview de Florent Grattery : illustration et cinéma d’animation

Florent, d’après le site internet des éditions Bayard, tu partages ton temps entre l’illustration et le cinéma d’animation. Pourrais-tu m’en dire un peu plus sur ton parcours ?

J’ai grandi en Normandie près de l’Île de France. Après un bac L option arts plastiques, j’ai intégré la mise à niveau de l’école Estienne, qui est l’équivalent de la prépa, puis je suis rentré au arts décoratifs de Paris. En seconde année, j’ai commencé le cursus en cinéma d’animation. En quatrième année, j’ai passé un semestre à Los Angeles en échange à la Calarts (California Institute of the Arts) et finalement, je suis sorti diplômé en 2013.
Quel beau parcours ! En termes de goûts personnels, qu’est-ce qui t’a poussé dans cette voie ? As-tu des oeuvres, des artistes, qui t’inspirent particulièrement ?
Florent Grattery - La naissance du monde
Florent Grattery - La naissance du monde
J’ai toujours beaucoup aimé la bande dessinée, je lisais petit les classiques qui trainent un peu partout (Astérix, Lucky Luke…). Vers l’âge de 10-11 ans, j’ai commencé à acheter mes premiers mangas papier après avoir eu une fascination totale pour les animés qui passaient à cette époque à la TV. Ça m’a donné envie de dessiner, je voulais pouvoir faire pareil. C’est à cette âge que je me suis dit que je voulais réussir mes dessins et pas seulement recopier.
Florent Grattery - Tant mieux
Florent Grattery - Tant mieux
Au même moment, mon oncle m’a emmené voir “Princesse Mononoké” dans un petit cinéma. Ça reste un grand moment car je ne pensais pas que l’animation pouvait être aussi adulte. Au début de mes études, à l’occasion du festival d’angoulême, j’ai découvert Nicolas de Creçy qui était alors connu en tant qu’auteur de BD et qui aujourd’hui a aussi développé un travail de dessin de galerie.
Ensuite, il y a eu de nombreuses découvertes au fur et à mesure des années en peinture (Peter Doig, Amy Benett, Mamma Andersson, Jockum Nordström…). En illustration et BD (Larcenet, Blexbolex, Blain, Icinori…). Et évidemment, il y a ceux que je redécouvre  à intervalle régulier (Monet, Hokusai, Hopper…).
Je vois que nous avons pas mal de références communes (les dessins animés de notre enfance, le studio Ghibli et Hokusaï). 
Florent Grattery - La fabuleuse histoire de Seth et d'Osiris
Florent Grattery - La fabuleuse histoire de Seth et d'Osiris
Je suis frappée par ton style, avec ces couleurs vives et vibrantes. Qu’est-ce qui caractérise ton univers, ?
C’est une question compliquée pour moi. Je peux expliquer comment je travaille, mais si on parle d’univers, je ne suis pas sûr d’avoir vraiment fixé mon style. J’ai l’impression de poster des choses différentes en ligne, car j’ai du mal à savoir quelle direction prendre. Ça tient de mon admiration pour certains artistes et de l’envie de faire comme eux. Pour parler de mon travail, je dois parler de ma méthode et de pourquoi je l’ai adoptée
À la base, j’aimerais avoir une pratique sur papier, mais je ne m’en sens pas capable. Le numérique a ceci de pratique d’être flexible. Je travaille donc en noir et blanc sur papier en utilisant plusieurs outils pour obtenir des matières et ensuite je passe en couleur en numérique de manière à pouvoir changer les couleurs facilement et trouver ainsi les teintes qui me conviennent. Parfois, ça prend des directions surprenantes auxquelles je n’aurais pas pensé car je tente quelque chose sur photoshop. J’essaye de travailler les lumière et les contrastes, et le numérique permet d’utiliser plein de couleurs très saturées.
Comment se passe ton travail quand tu illustres des livres jeunesse et des couvertures ? L’aspect marketing est-il une contrainte frustrante ? Cette scène qui montre les trois héros de Porcelâme, La Voie du Kirin, en train d’escalader la montagne, est-ce toi qui as choisi de la représenter ?
En illustration, j’ai pour le moment surtout répondu à des commandes que ce soit pour la presse ou pour l’édition. Même les livres que j’ai illustrés pour Bayard restent pour moi des commandes, car j’ai du me glisser dans un rôle qui n’est pas totalement le mien. Pour le moment, c’est en animation que je peux vraiment développer mon univers dans le film que j’écris actuellement
Florent Grattery - Porcelâme
Les commandes sont souvent frustrantes à cause des délais et parfois des retours, mais en général, je choisis une direction qui convainc mes interlocuteurs. J’ai une approche assez cinématographique, l’image doit raconter quelque chose. C’est comme un plan de film. D’ailleurs, c’est pour ça que je préfère les format paysage au portrait. Je suis assez nul pour les compositions plus symboliques et graphiques qui sont assez courantes en presse adulte. Pour la couverture, j’ai lu le texte et j’ai réfléchi à quel est le moment de l’histoire qui représente le mieux le livre et évidemment, c’était l’ascension.
Florent Frattery - film d'animation
Florent Grattery - film d'animation
Veux-tu parler de tes projets plus personnels, dans l’animation ? Est-ce que l’un d’entre eux te tient particulièrement à cœur ?
J’ai un projet de court en métrage en animation qui se déroule au Japon après Fukushima. Je travaille dessus depuis 5 ans et j’arrive à la fin du développement. On va commencer à chercher des financements et le fabriquer l’année prochaine.
C’est l’histoire de Keiko, une jeune femme seule travaillant au marché au poisson de Tokyo. 
Florent Grattery - Film d'animation
Florent Grattery - film d'animation
Deux ans plus tôt, elle était capitaine de chalutier lorsqu’ils ont remonté un énorme poisson. Il s’agissait du o’namazu, le dieu des séismes. Grâce à son courage et sa force, Keiko a réussi à le remettre à la mer, mais elle s´est blessée. Quelques heures après son arrivée à l’hôpital, le tremblement de terre de 2011 s’est produit. Elle a perdu contact avec ses amis, des gens qu’elle considère comme une famille. 
Keiko les cherche encore au début de l’histoire, même si l’espoir est mince. Mais, un soir, elle reçoit un appel provenant de la zone de quarantaine, et même du village où elle était pêcheuse. En entendant la voix d’un ami, elle décide de s’y rendre malgré les risques.

Pour connaitre la suite de l’histoire, il faudra suivre l’actualité de Florent Grattery. J’ai hâte de voir ce film d’animation !

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