Interview de Roxane Edouard, agente littéraire

Depuis 2015, mon agente littéraire m’accompagne sur le long chemin de l’écriture. Il est donc grand temps de vous la présenter, et d’évoquer ce métier souvent méconnu en France.

Dans cet article, vous trouverez :

  • Ma chère Roxane, commençons par présenter le métier d’agent littéraire, quel est son rôle dans la chaîne du livre ? 

Un agent littéraire est un partenaire pour un.e auteur.rice. Il l’accompagne dans toutes les phases de sa création et s’adapte à ses besoins. Il y a, au final, autant de façon d’être agent littéraire qu’il y a d’auteur.rice. Le rôle premier est bien sûr de placer les projets de l’auteur.rice avec le meilleur partenaire éditorial, mais aussi de négocier toutes les clauses de son contrat d’édition.

Personnellement, j’envisage mon rôle de façon plus large. Je propose un accompagnement transversal sur l’ensemble de la production éditoriale d’un.e auteur.rice indépendamment du genre, âge du lectorat, etc., une véritable réflexion stratégique pour construire une carrière professionnelle sur le long terme. Du retour éditorial, à la soumission et négociation bien sûr, l’agent littéraire est un soutien, fait partie de l’équipe de l’auteur à chaque étape bien au-delà de la publication d’un projet.

  • Et qu’est-ce qu’un agent littéraire ne fait pas ?

Un agent ne peut prendre de décision sans consulter l’auteur.rice. S’il s’exprime parfois en son nom, c’est toujours après consultation avec l’auteur.rice qui a toujours le dernier mot.
Un agent ne peut pas fournir de conseils sur le plan fiscal.

  • Qu’est-ce qui t’a conduite à choisir ce métier ?

Je me destinais aux droits étrangers et c’est ainsi que j’ai décroché mon premier poste dans une agence littéraire parisienne au sortir de mon master. Cette agence gérait les droits étrangers de diverses maisons et agences littéraires anglophones, mais ne représentait aucun auteur français. C’est en intégrant Curtis Brown, à Londres, que j’ai découvert le métier d’agent primaire. Après quelques années, j’ai décidé d’étendre les services proposés par notre agence aux auteurs.rices francophones.

  • Pour un auteur, quels sont les avantages d’être représentés par un agent ?

Je pense y avoir répondu en partie dans la première question mais pour aller plus loin, je dirais une liberté d’esprit, la possibilité de se consacrer pleinement à la création sans avoir à s’inquiéter de soumettre un projet, relancer des paiements, de s’inquiéter de questions purement administratives.

Célia : j’y trouve deux avantages principaux de mon côté (regardez la vidéo pour plus d’info) : 

  • Me sentir accompagnée et soutenue sur le long terme. Un auteur travaille avec des partenaires dont les intérêts convergent parfois avec les siens, mais parfois pas. Toi, tu es toujours de mon côté.
  • J’ai beaucoup de mal à défendre mes textes. C’est ridicule de dire : “mon roman est génial, publiez-le ! ” Je suis heureuse que tu le dises à ma place et que tu négocie les contrats, car j’aurais du mal à faire valoir mon intérêt. J’économise ainsi beaucoup d’énergie.
  • Comment se rémunère un agent ?

L’agent prélève une commission de 15% sur l’avance et les droits des contrats primaires qu’il a finalisé pour l’auteur.rice. Notre commission est de 20% pour toutes cessions internationales ou audiovisuelles.
Un agent n’est pas rémunéré tant que son.a auteur.rice ne l’est pas.

 

  • Certains auteurs craignent que les agents ne reformatent leurs manuscrits pour les rendre plus commerciaux, mais moins authentiques, qu’en penses-tu ?

Mes retours sur les textes ne visent en aucun cas à les formater. Mes suggestions sont bien cela, des suggestions. L’auteur.rice demeure le capitaine à bord de son navire. Je cherche à pousser mes auteurs.rices à aller au bout de leur réflexion et à affiner un maximum leur pensée et travail.

Célia : Je pense que tes retours me permettent d’améliorer mes textes (enrichir l’univers, rendre le rythme plus intense…). Je laisse mon instinct s’exprimer lors du premier jet et nos échanges m’aident à prendre conscience de ce que j’ai mis dedans. Tu saisis parfois mieux que moi ce que je veux faire.  Tu t’adaptes à ma façon de structurer un roman, et de le corriger.

La relation entre auteur et agent doit se baser sur la confiance et une profonde compréhension mutuelle.

  • Comment choisis-tu les auteurs que tu représentes ?

Il faut que le projet me plaise mais étant donné que j’envisage des collaborations sur le long terme, je cherche une véritable connexion avec les auteurs.rices, leur écriture, univers et les thématiques qu’ils.elles souhaitent aborder.

 

  • Quel style de littérature, jeunesse ou pas ?

Etant assez éclectique dans mes lectures, je ne suis fermée à aucun genre ou style : jeunesse, adulte, fiction, non fiction, BD, album, etc.

  • Quelle est la procédure pour te proposer un manuscrit ? Quand faut-il contacter un agent (avant ou après les soumission éditoriales) ?

Il vaut mieux contacter un agent avant les soumissions éditoriales car il peut être difficile de faire relire un projet à des éditeurs.rices qui l’ont refusé et il est plus simple pour un agent d’être impliqué dès le départ. Je suis actuellement fermée aux soumissions car je dois rattraper mon grand retard de lecture mais en général, je demande un pitch, synopsis et les trois premiers chapitres.

  • Faut-il avoir déjà publié ? Être riche et célèbre ? 😊

Chaque agent aura sûrement une approche différente mais dans mon cas, j’aime collaborer avec des auteurs.rices débutants.es comme confirmés.es. Donc absolument pas de nécessité d’être riche et célèbre. 😊 Mais bien sûr, j’aspire à ce qu’on le devienne ensemble !

Pour en savoir plus, voici le live sur les agents littéraires du 9 janvier 2021, animé par Ingrid, de J’écris un roman, dans lequel Fanny AndréGabrielle Massat et moi, nous comparons nos expériences en la matière. En effet, chacune d’entre nous travaille avec un agent(e) différent, ce qui permet de dégager des points communs et des spécificités. 

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Célia Flaux